vendredi 9 mai 2014

[Semaine de la fiction '14 #5] The medium, the message



La lettre était arrivée un soir. 
Pas un matin, comme le reste du courrier. Mais un soir. Par messager. 

L'enveloppe était cachetée. 
Violet n'avait pas pu s'approcher. Le protocole, encore. C'était déjà un hasard des plus fous qu'elle soit présente au moment de l'arrivée du cavalier.
Elle avait vu le pli passer de main en main sans pouvoir y glisser la sienne. 

Bien vite, elle avait compris qu'elle ne verrait jamais ce que renfermait la missive, mais peut-être, si elle parvenait à être au bon endroit au bon moment, pourrait-elle apercevoir la réaction de sa mère et en déduire si les nouvelles étaient bonnes ou mauvaises.

Mais Lady Violet se retrouva enfermée dans sa chambre une fois de plus, escortée par bien trop de domestiques pour pouvoir se soustraire à leur attention. 

Assise sur cette chaise qui était désormais tout juste capable de l'accueillir, elle affronta une fois de plus le portrait.
Ce soir-là, la rage, et la détermination étaient telles qu'elle se décida à innover.
Pour la première fois, elle lui parla.

"Que vouliez-vous me dire que vous ne pouviez m'exprimer face à face ?"

Avec des yeux grand ouverts et pleins d'attente, Lady V. tentait d'arborer un visage avenant. 
Au fur et à mesure que le temps s'écoulait, les traits de Lady V. s'affaissaient. 
Une rage sans commune mesure commença à s'instiller en elle.

Pendant 8 ans, on lui avait tout caché. Elle avait dû comprendre la vérité par elle même. En captant ça et là des bribes de conversation, des coups d'oeil, des messes basses et des mouvement d'objets ôtés un peu rapidement de sa vue.

La décision qui la concernait, qui la déterminait, avait été prise par d'autres qu'elle. A aucun moment elle n'avait été concertée, et, si elle s'était fait une sorte de raison à ce sujet, le fait de n'être jamais tenue informée la rendait folle.

Elle était la dernière à savoir.

Ses proches, ceux avec qui elle échangeait chaque jour, connaissaient tous des vérités qui lui échappaient. Cela rendait sa vie terriblement fausse. 
Inadéquate.
Cela rendait son existence imaginaire.

Elle était un de ces nuages. Se forgeant toute seule selon ses souhaits, envers et contre tout. Par défaut. Se découpant comme une ombre depuis l'espace laissé par les non-dits.

Lady V. avait 18 ans, et puisque le savoir ne venait pas à elle : elle avait décidé d'aller à lui.


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