samedi 11 août 2012

We’re living in a looking glass as the beauty of life goes by


Et puis est venu le livre ultime.
Le livre qui ne serait jamais venu sans Dorian Gray.

Tout est très flou concernant celui là, mais je crois qu'il s'agissait d'un de ces week-end où je rentrais systématiquement chez mes parents lors de ma première année de DUT.

Lors de ces week-end, généralement, je passais le vendredi soir avec mon ami d'enfance à regarder Queer as folk, Alexandre le Grand et autres oeuvres très très gaies.

C'était un des âges d'or de ma vie.

Allongés dans mon lit à baldaquins je lui faisais le résumé de ma semaine de liberté, au Havre, loin de la ville qui nous a vu grandir. Pour lui, ce serait l'année d'après. Je lui parlais de ma première rupture, de mes sentiments naissants pour un autre garçon, celui qui me briserait véritablement le coeur cette année-là.

Je crois que c'était lors d'un de ces week-end là qu'il est arrivé avec un livre en me disant qu'on l'avait donné à sa mère mais que c'était pas franchement son genre de lectures et que si je le voulais, il était pour moi.

Un livre gratuit fait toujours plaisir, mais quand j'ai vu Oscar Wilde sur la couverture rose j'ai un peu écarquillé les yeux sans trop y croire.

Forcément, j'allais le lire. J'allais le lire comme Dorian Gray. Mais je l'ai posé dans un coin. J'ai mangé une pizza, bu du coca, ri comme une folle, et il a fallu bien des jours ou des semaines pour que je m'intéresse à nouveau à ce poche.

Rose saumon. Assez vilain d'apparence, comme les autres, la photo d'une cellule de prison dans un petit encadré sur la première de couverture.

J'ai commencé ce livre sans le comprendre, en faisant une confiance aveugle à l'auteur de ces lignes, en sachant qu'il finirait bien par m'emmener là où je devais être.

Je ne savais pas où étais la fiction, la réalité, s'il parlait de lui, d'un autre, je me doutais, oui, mais je n'avais aucune certitude. 

J'ai lu De Profundis en une soirée. Ne m'arrêtant que pour changer de position lorsqu'une crampe se faisait trop encombrante.

Je suis ressortie du livre comme d'une anesthésie. Je me souviens avoir mis un temps certain avant de recouvrer tous mes sens. Vous savez, ce moment où vous vous relevez trop vite, que le sang n'a pas le temps d'irriguer le cerveau, ce moment où les gens vous parlent à travers un aquarium. 

Sans avoir encore connu de relations abusives et sans avoir encore connu de rupture dévastatrice, je n'ai vu au départ dans De Profundis "que" le moyen d'avoir une relation privilégiée avec Oscar.

J'étais trop jeune pour réaliser.

J'avais lu De Profundis et ma vie ne serait jamais plus comme avant.

Plus aucun livre ne le détrônerait.

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