mardi 14 août 2012

The show must go on

[Hal > Angel > Edward]

"Alors c'est de là que vous est venue la miraculeuse idée de De Profundis : l'amour plus fort que la mort, la société et ton père ? Aussitôt après avoir lu l’œuvre originale ?
_ Oh non. C'est venu bien plus tard. 
_ Je vous en prie, racontez nous ça, vos fans veulent savoir !
_ C'était il y a 25 ans, j'étais une jeune fille plutôt accomplie : un job dans l'édition, des amies brillantes et loyales, un petit ami aux yeux bleus... Je m'apprêtais à faire le voyage de ma vie à New York, je l'attendais depuis que j'avais l'âge de voyager seule. Je devais écrire la suite de mon roman là-bas.
_ Et que s'est-il passé ?
_ Deux jours avant de décoller, le petit ami aux yeux bleus a plaqué la jeune fille accomplie qui, une semaine après, a été prise de tremblements, sur l'étage inférieur de son lit superposé de Harlem et a réalisé que son job dans l'édition n'était qu'un CDD, que ses amis étaient pour moitié les amis du petit-ami et que ce genre de situation ne tournaient jamais en sa faveur, et, finalement, que New York était beaucoup trop, beaucoup beaucoup trop. Elle a su que son roman était mort, sans toutefois se l'avouer complètement.
_ Comment la jeune fille s'en est-elle sortie ? La psychothérapie ? Les médicaments ? L'entraide et l'amour de son prochain ?
_ Les comédies musicales.
_ Et donc c'est là que...
_ Non, plus tard. Bien plus tard.
_ Quand cela ?
_ Quand la jeune fille a du rentrer à Paris.
_ Ca a été dur ?
_ Il n'y avait plus de comédies musicales. 
_ Ah bah oui.
_ Quand elle est rentrée à Paris, ses amis lui avaient en effet tourné le dos, ils prenaient les paris sur pourquoi le garçon aux yeux bleus l'avait plaquée du jour au lendemain, certains pensaient que c'était parce qu'il était lui même sous l'emprise d'un pari (qui fait ça à 20h le soir du 2nd tour des élections, sinon ?), d'autres lui disaient qu'elle n'avait servi que d'intérimaire le temps que son ex soit à nouveau disponible, d'aucun lui ont dit qu'il avait une propension au masochisme et que je ne contentais pas ses aspirations les plus dark, enfin, on lui a dit "nan mais pourquoi "pourquoi" ? Tu sauras jamais pourquoi". Et comme, pour l'esprit de la jeune fille, tout ceci était un peu trop à supporter, elle n'a jamais récupéré de son jet-lag, n'a pas dormi pendant un mois et a commencé à halluciner.
_ Et Oscar Wilde lui est apparue ?
_ Wala.
_ Et que lui a-t-il dit ?
_ Oscar Wilde était surtout là pour écouter. Mais comme la jeune fille était devenue un peu simplette, elle a vite fait le rapprochement entre ses deux dernières raisons de vivre : comédies musicales + Oscar Wilde.
_ L'écriture a alors commencé ?
_ Sur Facebook, en une soirée, j'avais la trame complète, une idée des rôles, et même un pré-casting en tête.
_ Il ressemblait au casting original de la première ?
_ Carl B. était une vieille connaissance à laquelle je n'avais jamais réussi à dire à quel point je pensais qu'il était la réincarnation d'Oscar Wilde. C'était le moment parfait.
_ Et Ben Barnes dans le rôle de Bosie, c'était votre premier choix ?
_ Il est joli et il chante bien. Enfin, moins maintenant. Mais à l'époque c'est ce que je me suis dit.
_ Peux-ton faire le parallèle osé entre la déchirante histoire d'Oscar et Bosie et la rupture qui vous a amené à ce projet ?
_ Non.
_ Ah ?
_ Oscar savait depuis le début que Bosie profitait de lui, il était juste purement fou de lui et ne pouvait vivre sans lui. Il en est mort. Il n'y avait plus rien après pour lui : il avait tout connu, on lui avait tout pris, il n'avait plus qu'un cercle restreint d'amis, il ne pouvait plus écrire et même ses voyages ne le comblaient plus.
_ Et donc on ne peut vraiment pas faire de parallèle entre...
_ Nan. Je n'ai jamais été folle de lui et j'ai même survécu.
_ D'accord. Comment expliquez vous le succès aussi immense qu'inattendu d'une comédie musicale basée sur sujet aussi épineux : une histoire d'amour scandaleuse entre deux hommes.
_ Entre trois hommes. Il y avait Robert Ross aussi. On oublie trop souvent Robert Ross.
_ Un triangle amoureux entre trois hommes qui, en 2013, choquait encore une partie du grand public ?
_ Je pense que c'est la perte de ma santé mentale. Une fois que j'ai décidé de planter ma carrière d'éditrice pour me lancer là dedans et que, de toute façon, je n'avais plus rien qui vaille à côté, c'était ça ou la mort. Alors ça réussissait ou ça cassait. Je n'ai pas laissé le choix aux gens.
_ 25 ans de représentations et la légende veut que vous ayez assisté à chacune d'elles, vous n'avez jamais été lassée ?
_ Non. Je ne vois pas la même chose. Parfois je souhaite fort que Bosie meure dans d'atroces souffrances, parfois je veux qu'il y ait un happy end, parfois je veux juste comprendre ce qui a amené ces deux hommes au point de rupture.
_ Toujours pas de parallèle avec votre...
_ Nop.
_ Votre vie personnelle reste très mystérieuse, mis à part ce blog que vous alimentez depuis plus de trente ans, on ne sait rien de qui partage votre vie, de votre progéniture, de ce qui se passe quand le rideau tombe ?
_ Oh si vous savez tout. Il n'y a rien de plus, rien de moins. J'ai toujours vécu pour les grands soirs, même quand j'étais une jeune fille accomplie. Je passais des mois enfermée à regarder le vivre et, de temps en temps, il m'arrivait des choses extraordinaires. Rien n'a changé.
_ Merci Heights Johnson pour cet entretien exclusif, un dernier mot ?
_ Kilt.
_...
_ Sérieusement, vous connaissez pas le Kamoulox en 2028 ?
_...
_ Bon, alors, en conclusion, les gens, et pour paraphraser Bosie, dans la scène finale, quand il se rend incognito sur la tombe d'Oscar "Beware of The love that dare not speak its name"."


 

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