mercredi 30 juin 2010

The world just chewed her up, and spat her out

"Mélomaniaque"
"Gné ?"
"That's what you are, Johnson"

Il voulait sûrement dire "mélodramatique" et "monomaniaque", mais comme il a dit "Johnson", je lui pardonne.

En ce moment je suis un peu trop le Bruce Wayne de mon Batman. Le Peter Parker de mon Spiderman. Le Jim Morrison rebondit et pas rasé de mon King Lizard. 

Je suis un peu trop P.
On m'interpelle et on m'intitule et dieu sait que je n'aime pas ça. Mais c'est la vie en société il parait. Allons bon.



Je pense bientôt refaire une semaine de fiction (ou simili autofiction, mais je vous préviendrai avant) un peu à l'image de ce que j'avais fait sur l'ancien blog avec OttO, Mirror Mirror, A mort, The Alternative, Mauthausen & H-E-X (non non, jamais entendu parler de la figure du double, why ?).*

Parce que j'ai besoin. Parce que je vous l'impose. Parce que profitez en tant que c'est gratuit. 

Je sais que j'ai pleinement le temps de le faire, et qu'il faut que je me bouge le cul de ce côté là. Deux bonnes raisons de perpétrer un crime littéraire quotidien.

J'ai aucune idée de ce que sera le thème cette fois, promis, on va éviter les vampires et les darkiss surtout.



*Oui, je suis au courant qu'hormis moi, seules deux personnes ont les clefs de l'ancien blog et que vous aviez pas que ça à foutre de lire mes divagations et surtout de vous en souvenir. 
CE QUI N'EMPÊCHE que je vais peut-être créer une rubrique d'archive pour éviter d'avoir à repêcher mes textes dans le fin fond des entrailles de mes archives dès que l'un d'entre vous se souvient d'un "truc" qui parlait d'un "machin" avec une photo de "roh mais tu sais le mec là..." pour illustrer. Genre une rubrique de mes notes les plus populaires de mes 5 premières années de blog. Ouais. On va faire ça. Peut-être. Un jour. Ou alors je vous fais des promesses que je ne tiendrai jamais parce que je suis une saleté de blogueuse anonyme.

**Et oui je saiiiiis que vous auriez vachement préféré un retour précoce de la semaine du bogosse dite "semaine de l'hormone". But no. In November. If the wizzard agrees.

jeudi 24 juin 2010

I've been loving you too long to stop now

Ils me regardent comme s'ils ne m'avaient jamais vue. Leurs yeux sont pleins de questions. Je réponds d'emblée :

_ I'm off to see the wizzard !
_ Tu veux faire quoi avec la météo ?
_ I'm off to see Robert !
_ T'es au courant que Twilight 3 ne sort que dans 15 jours ?
_ Je vais voir ROBERT.

Je sautille un peu plus loin dans le couloir. J'ai ma seule paire de bottes confortables, qui font un bruit d'éperon alors qu'elles n'en ont même pas, qui sont tellement creuses qu'elles résonnent. Aujourd'hui sera une journée creuse, and I'm off to see the wizzard.

Je crois que je l'ai répété de nombreuses fois, de trop nombreuses fois. J'ai même pris le RER pour ça.
19h30. Mais je ne me presse pas. C'est comme un pacte entre la Villette et moi. J'y ai trop de bons souvenirs pour courir. 
Déjà, sur la ligne 5, je vois des mini me monter au fur à mesure, toutes coiffées / décolletées / entalonnées alors que ça ne sert magnifiquement à rien.  Darkness'll be our friend tonight.
But :
We're all off to see the wizzard ! 

Toutes les mêmes écouteurs, et dedans la même voix. 

Le Trabendo et moi nous aimons d'un amour monumental. Ses marches et ma petite taille étaient faits l'un pour l'autre et rien ne pourra nous séparer. C'est dit.

Je me poste derrière un joli garçon qui a le bon goût d'être petit, et de sentir bon. Une bière à 4€ pour tout dîner, je téléphone à Milie incorporated, histoire de prendre des nouvelles de mes actions en Normandie du haut. 

Une demi heure plus tard, la brume frissonne un peu ma vision, je remonte sur mes deux pieds et je laisse le téléphone se perdre dans les entrailles du sac et aller s'échouer contre Robert, l'autre, en couverture du magazine que je trimballe.

Who are you ? You are not the wizzard ! What's up with your hair ? No one know where you came from ! Where are we going now ? 

Ma partie encéphale la plus bavarde ferme sa gueule le temps d'écouter l'intru et sa guitare ouvrir leurs bouches pour balancer : "Bonsoir. Je suis Bkmlsdgl Bmlksdgkl" et commencer à gratter.

What are you, boy ?

Ma tête se penche sur le côté, comme lorsqu'elle est intriguée, et j'entends Paolo Nutini sortir de la bouche du garçon. Puis je le vois dans tous ses traits. Dans son attitude. Dans son sourire qui commence à être irrésistible (but god damn ! c'est la première chanson seulement...)


Bam.
But... But... But you can't ! Parce que c'est le wizzard I wanna see ! Pas par toi que je veux être bewitched
 On m'a envoyé un boulet de canon en guise de préliminaires, et déjà, il dit des choses bizarres et je comprends pas. Et puis je comprends pourquoi je comprends pas. Il est québécois. J'ai jamais compris les québécois. J'ai jamais aimé les québécois. Qu'est-ce qu'il se passe ? 

Pourquoi tu es tout pareil que Paolo et pourquoi je suis pas en colère ? Pourquoi je suis même légèrement hystérique ? Pourquoi tu as ouvert un bouton en trop sur ta chemise ? Pourquoi tu as assuré grave quand ta corde t'a lâché ? Pourquoi tu... non... pas ça... Pas les D... PAS. How dare you ? Ok les Doors. Love me one time... (I could not speak) Love me one time (Yeah, my knees got weak)

Scarecrow is that you ? Where did you f***ing put my brain ?

Je reprends à peine mon souffle que deux larmes coulent toutes seules sans défier une seule seconde la gravité.
Je mets 5 minutes à comprendre que les lumières se sont rallumées. Qu'il est parti. Dispersé comme de la fumée. C'est limite si je tends la main pour vérifier que c'était bien un mirage.

Je lui en veux un peu, en arrière-plan, d'avoir détourné mon attention du but premier. 

Le but premier se fait attendre. 

Are you a fake, wizzard ? That's the question

Il est là. Il est normal. Mais plein de trous. C'est assez drôle pour que je le soupçonne d'avoir étudié le look. 
Il fait beaucoup de grimaces et a plus de dents que la moyenne des gens dans la vie. Il me dit qu'il m'aime. Qu'il m'aime. Qu'il m'aime tous.

Il est fort quand il chante parce qu'il rend impossible de le suivre même si l'on connait les mots. Il étire et il raccourcit, il fait de la chirurgie et pas de la charcuterie. Il est bleu puis rouge puis vert. Il est magique.

Je décide qu'il est magique.

J'oublie Bobby. Je contemple Robert. Il souffre chaque chanson comme s'il revivait leur écriture. Leur venue au monde.

Un soir, Robert était sur les collines d'Hollywood, où quelques années plus tôt, un certain James Douglas M. s'ennuyait déjà, la nuit s'avançait, the moon, the hills, y'know (I know, yes, I know), et Robert s'enfuie. Bourré comme une huître, et retrouve le chemin de chez lui. Et s'effondre. A plat ventre sur le parquet. Il pass out. Puis il wake up. Il grab une guitare en plastique toy's r us, et il... :


You said you want to be outside and you want to feel alive
I said I didn't want to move I just wanted to survive
So I sit here waiting for the sun to come
And I watched it rise like we'd never done

I want to kill myself just to kill all the pain

But then you'd know you'd feel like you're the one to blame
You were just too young and just too smart
Probably the best candidate for a broken heart

Rock and roll my little girl

Rock and roll in your big big world

In a drunken state I call your name

From the bottom of my soul to the blood in my veins
Those days in the car when I couldn't pull through
You sang to me and all I wanted was you

I cant seem to do anything right anymore

How the days are so long and the nights are a blur


I want you to know that I'll always be the only one there
While you listen to his heartbeat
While he runs his hands through your hair

Rock and roll my little girl
Rock and roll in your big big world

Each day he works past the 9 to 5
Tell me tell me how does he know if you're even still alive
You made a portrait of myself and it made me cry
And through all the tears I lost I looked myself in the eye

What kind of man have I become that I have to let this go
Fate has made a fool of me I'll reap now what I sow
We were just two people alike indignity
Felt the ancient grudge to the mutiny of me

And I guess this is where we'll end our scene
Where my civil blood leaves my seething hands unclean

Rock and roll my little girl
Rock and roll in your big big world

...il décide qu'il ne veut plus être un lunatic. Qu'il peut faire de la musique. Qu'il va enregistrer un disque. Qu'il va chanter au Trabendo et ce, à six mètres en face d'Heights Slapette Johnson.

Robert really is a wizzard.
(It meanz : Robert est very trop fort)

Puis Robert (pour un chanteur à minette, il a drôlement fait crier les garçons)(c'était jouissif), décide qu'il love us in so many different ways... et il Otis Redding. He does. 

Et puis Robert, décide de m'offrir une nuit au Bronze. Parce que Robert, s'il m'a fait courir dans les rues de Paris, de nuit, avec des talons et une robe violette, c'est parce qu'il a expié son adolescence dans un album, sur un coup de tête, après la biture de trop.

Parce qu'avec Robert, ce soir, j'ai fini d'expier mon adolescence, et que quand il a entamé Wild Horses, j'étais comme Buffy disant au revoir à Angel. J'étais comme dans une série américaine, devant un joli américain à chemise de bucheron trouée. 

Un joli américain qui a répandu deux fois plus de larmes sur mes joues avec All of my trains (http://www.youtube.com/watch?v=f-1ILqT5Bq4)
Et qui m'a dit qu'il m'aimait. Qu'il m'aimait. Qu'il m'aimait tous. Encore. Et que si j'en voulais plus, faudrait que je vienne "at Le Cigale iz zat right" ? 

Après "See you in June", Robert me dit "See you in November".
But Wizzard ! November is hard, November is cold, November I hate. And, surtout, ...how could I wait ?

Mais c'est pas ce que j'ai dit. 
J'ai regardé ses big big yeux, et j'ai juste dit "you need the love. You're here 'cause you need the love."

Rock&Roll in my little world...




mercredi 23 juin 2010

Right

La question se pose, tourne et se retourne dans ma tête depuis des années.

Dans l’introduction de mon mémoire, je la confronte. Je réponds vert, puis je réponds blanc et je vais sans doute finir par la confier au hasard.

Est-ce que j’assume d’écrire oui ou merde ?

Voila. Vous avez quatre heures.

Comme toutes les questions de ma vie, celle-ci est rendue compliquée par mon choix de carrière.

Vous qui voyez ça de l’extérieur : non, être éditeur n’est pas forcément une gageure. Oui, on sait tous plus ou moins écrire. C'est-à-dire techniquement on sait ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire. Seulement lorsque l’on verse dans le subjectif, tout le monde est à égalité.

La question n’est pas d’être publié ou non. Aujourd’hui, on peut être publié pour autant de raisons qu’il existe d’éditeurs.

Si j’en parle (ou n’en parle pas…) dans mon intro de mémoire, c’est que mon sujet – les littératures vampiriques – se concentre sur la popularisation du genre que j’ai vécu de l’intérieur, en tant que lectrice et en tant qu’auteur.

J’écrivais de la bit-lit comme on parle en prose : sans le savoir. Pour beaucoup c’était mal, et je ne comprenais pas franchement pourquoi. Mais maintenant c’est devenu la règle, la machine s’emballe et les éditeurs en raffolent. Je ne me sens pas plus proche de ça, en fin de compte.

Pour les rares personnes m’ayant critiqué avec sérieux : les vampires étaient comme les roulettes d’un vélo, quand je réussirai à m’en débarrasser je saurais enfin rouler toute seule.

Je ne suis toujours pas certaine qu’ils aient raison. Je ne suis toujours pas certaine de vouloir faire du vélo.

J’aimerais savoir si ça en vaut le coup.

Parce que j’écrirai toujours, c’est certain. Et même si cela fait beaucoup rire les trois quarts de mon entourage. C’est vital, c’est un besoin. C’est comme ça. Certains ont besoin de sport pour se sentir bien. Certains ont besoin de jardiner. Certains ont besoin de sensations fortes et de vitesse. C’est comme une attraction irrépressible. Et ça créé un manque quand on la fuit.

Donc oui. J’écrirai.

Mais. Est-ce que je dois passer le cran au-dessus ?

J’ai aimé jouer du piano mais haï (et le mot n’est pas trop fort) jouer en public.

Et je ne saurais trop dire pourquoi : le jugement, les réactions de l’assistance ?

Non.

Mon super pouvoir d’intuition sait exactement comment tous les pions fixes de mon échiquier vont réagir.

Mon père ne lira pas. Ma mère lira mais ne décochera pas un mot. Ma grand-mère serait fière de moi même si je publiais un porno sur le pape. Et mon cousin, s’il se réveillait, me taperait dans le dos quoi qu’il arrive soit pour me féliciter, soit pour m’encourager. Bref.
Ce n’est pas ça.

Ni les éventuelles critiques de gens lambda.

L’inconnu peut être. Se jeter dans le vide, je n’ai jamais pu, physiquement, psychiquement…

La fixation de quelque chose que j’aurais pu parfaire. C’est une partie de la réponse.

Je suis paumée pour une raison principale (et elle est affreuse, préparez vous) : je ne suis pas bien entourée.

Je ne suis pas littérairement bien entourée. Malgré les apparences.

Les « fais-moi lire » n’affluent pas. Même lorsque je tente de timides approches envers les personnes qui me paraîtraient de bons donneurs d’avis.


J’ai eu le problème inverse il y a quelques années, où le « fais-moi lire » abondait, mais était particulièrement inepte.

Raison 1) parce que les lecteurs en question voulaient plus sortir avec moi que me critiquer avec abnégation

            2) parce que les lecteurs en question s’envolaient dans la nature sans me donner d’avis précis / de critiques constructives.

Je n’ai pas confiance en grand monde. Et il faut avoir confiance pour laisser en nourrice un bébé (même pas fini, d’ailleurs, la plupart du temps).

Je me réveille un matin sur deux en me croyant la reine des reines et un autre en me sentant la dernière des dernières. C’est dans mon caractère. Et j’aurais besoin d’une balance.

De quelqu’un qui aime et connaît le genre et peut étayer son avis de comparaisons, de quelqu’un qui soit franc et honnête mais qui pas lazy au moment de commenter ce qui ne va pas. J’aurais besoin de quelqu’un qui ait, bien sûr, lui-même déjà écrit, car c’est un cercle, ne vous méprenez pas.

J’attends le graal et ne prends même pas la peine de le chercher.

lundi 21 juin 2010

Wed, Wed, Wed [Part III, the end]

Et donc, arriva la salle, debout dans la campagne, entourée de vaches et de gravelle. Oui, de gravelle, petits barbares.

[Depuis quelques temps j’en ai marre de faire des efforts à surveiller qu’aucun mot de Normand se glisse inopinément dans mes phrases de parisienne. J’arrête. Et les portes ont des clenches, un point c’est tout.]

Une jolie salle en forme de Cène, où la table d’honneur fait face à plein de tables rondes. Où je prends place à gauche de la mariée (toujours à gauche). Où j’ai un menu spécial nomeatnofish. Où j’ai le droit à un tour de table des gens présents dans l’assemblée, au qui et qui magistral.


Puis rencontre avec le DJ, quelques coupes, un jeu organisé par mes soins (je devais le faire mais j’ai traîné les pieds, je vous assure…), un mini discours, quelques cadeaux. Mon amour universel. Pas de larmes,  toujours pas de larmes.


J’ai gardé mes bottes de cowgirl, mon sourire béat et si un léger problème du côté maquillage/coiffure, personne ne semble me le reprocher.


Les plats se succède, le serveur est sexy, les enfants insupportables, un mariage quoi.


Oscillant entre bouffe immangeable car végétarienne cuisinée par des carnivores, et bouffe géniale par que je pioche dans les assiettes des mariés.


Je crois qu’à un moment à partir de là, j’ai décidé que le champagne c’était comme les légumes : à volonté. Décision qui causera ma perte quelques heures plus tard.


La lumière se tamise et les premières danses passent tandis que les bulles descendent. J’observe comme j’aime observer, un verre à la main, des mains changeantes sur mes épaules me glissant tel ou tel ragot à l’oreille.


J’aime la nuit qui tombe sur la Normandie profonde et les éclairs qui pointent derrière la baie vitrée.


La mariée a moins besoin de moi, je peux flotter.



Sur la piste de danse, deux hommes s’étreignent. Je suis en Normandie, et bizarrement ça ne choque pas les quelques ploucs de l’assemblée. Je me retourne vers ma chauffeuse du jour et co-partner in crime de l’enterrement de vie de jeune fille en lui disant qu’ils sont très crédibles, les deux là. Ce à quoi elle me répond que c’est normal : ils sont tout à fait gay.


Oh well.


L’intérêt pour la soirée redouble. Comme quand on lâche une nympho dans une boîte pleine de célibataires et qu’on ne la revoie plus de la soirée : moi ça me fait la même chose avec les cute gay couples.


Une approche plus tard, je m’installe à leur table, je bois je bois je bois. Quelques trous de mémoires, pauses clopes sans clope plus tard, balades sous la pluie et « T’es mignonne toi, t’as des seins, mais t’es mignonne » - l’un des deux me regarde, et dit d’un air badin : « Je suis séropo ».


Ma main droite se serre contre le verre en verre. Je perds la notion du temps – histoire que mon esprit fasse la rétrospective de tous mes amis ayant joué leur vie à la roulette russe avec ces conneries de « nan j’ai pas mis de capote » et que j’ai toujours insulté copieusement, parce que y’a que ça à faire, envers des gens qui mettent la vie des autres en danger.


Ma main gauche est allée toute seule faire sa conasse et lui tapoter gentiment le dos.


Il continue en me disant que c’est arrivé connement, préservatif qui claque, et que depuis ils sont condamnés à en mettre à chaque fois, lui et son mari – c’est comme ça qu’il l’appelait.


Je ne me sens pas différente de savoir ça, mais j’aurais tellement aimé que ce ne soit pas moi à cette place. Mais mes ami(e)s, anciens, actuels, qui ont pris ça à la légère, qu’ils se prennent ça en pleine gueule eux, c’est tout ce que je leur souhaite. Qu’ils se sentent cons, et misérables, en face de quelqu’un qui n’a pas eu leur chance.


Le ton badin est presque trop, mais toujours pas de larme. J’ai dû enchaîner sur un sujet ridicule car les éclats de rires ont repris de plus belle. J’ai fait ma princesse sur le dancefloor, bien sûr. Quelques doigts d’honneurs aux gosses insupportables.



Quelques verres de champagne plus tard et félicitations à la mariée.



Avant cette nuit là, j’ai été malade une fois à cause de l’alcool, et j’ai toujours accusé mon petit boulot dans un grand magasin où on m’avait assignée à l’inventaire des insecticides.


Je ne vous dirai pas ce qui m’a réellement rendue malade cette nuit là, et qui n’avait rien à voir avec le champagne, mais je pense que vous l’aurez deviné…

samedi 19 juin 2010

Goldigger

Tout ce qu'on pourra vous dire est vrai. Je vis actuellement une vie de planquée, une vie aseptisée.

Dissimulée dans un groupe de strangers à qui je livre mes états d'âmes au bureau et qui se révèlent d'une compagnie tout à fait équilibrante. Assez de profils différents pour étancher ma curiosité sans freins. 

Les bruits de couloirs aussi, qui tombent dans MES oreilles, comme si j'étais là au bon moment. J'ai si souvent été là au bon moment (et ça se résume en quelques prénoms...) que je vois plus ça comme une capacité que comme un don. 

Je suis cachée dans un bureau aux murs en verre. Où le téléphone ne sonne jamais. Où le gentil collaborateur est fantomatique et quasi-muet. 
Ca me comble.

Parce que je lis, de tout, beaucoup, j'écris, forcément, du personnel et du professionnel, mais j'écris plus 4 heures par jour et c'est la clef de voûte de tout le reste.

Du fait que je sois calme. De ce calme dont je suis accro dépendante et que seuls quelques garçons ont réussi à me procurer jusqu'à lors.

Je suis calme lors des (bons) concerts que j'ai su choisir, trier, et gratifier de ma présence.
Je suis calme lors de ces discussions chorales avec plusieurs champs de compréhension, lors de ces discussions chorales où on se lâche pas des yeux, lui et moi, parce qu'on est les seuls à comprendre ce que l'on dit vraiment. A regretter, un peu, de s'être loupés de si peu. 

Mais à être sûrs et certains que la longueur d'onde est aussi croupie que de l'eau bénite.

Je lui serai grée éternellement de m'avoir fait découvrir le pouvoir des yeux marrons, et oublier quelques temps ma blue obsession.

Je suis calme face à mon futur, car je suis planquée, et bien, jusque fin octobre. Je suis tranquille. Je suis vivante, mais pas tout à fait. 
Je suis la sourdine que je me suis choisie.

Je suis en hibernation et je ne me laisse éveiller que par des nouvelles merveilleuses, rien de moins. 

Comme celle que je suis une éditrice pas si gourde, par exemple. Et que mon stage dans la plus grande collection d'imaginaire de France n'a pas servi à rien finalement. Et que la pépite déminée façon chercheuse d'or au milieu d'une mine de charbon, va être enfin publiée.

Thanks to me, somebody is happy.

Ca me suffit.

mardi 15 juin 2010

Dyo mio

[We want the world and we want it now]

When you're strange a le mérite de rappeler que Jim a les yeux bleus.

Comme le curieux réflexe, en sortant de la séance, le soleil dans le dos - un soleil presque Barcelonais sur Tolbiac - de vouloir courir dans sa dernière antre connue à ce jour. De vouloir en discuter avec lui, le principal intéressé.

Comme un instant de déjà vu au moment où ses fans en furie, qu'on croirait prêtes à l'éviscérer, se contentent de caresser une des boucles retombant sur sa nuque.

Comme ce regard que je connais trop bien, des gens derrière lui. S'il est dans la lumière, l'important, vraiment, c'est d'être dans sa lumière.

Je fais, au fond, un peu mon Jim à l'envers. Parcourant Paris d'ombre en ombres en cherchant à faire ce qui me porte vraiment : écrire.

Music is your only friend until the end. Je l'avais compris toute seule, comme une grande, le front appuyé sur une vitre normande, attendant que la pluie arrête de tomber.

Jim n'a jamais attendu. Il l'a provoquée, l'a arrêtée, en a fait ce qu'il a voulu, a même fui dans le désert. En animal blessé.

La seule chose que je regrette dans ce film : l'allumette. Franchement. Même moi j'aurais pas commis ça.

For the music is your special friend
Dance on fire as it intends
music is your only friend until the end,
until the end, until the end

Cancel my subscription to the resurrection,

Send my credentials to the house of detention,
I got some friends inside

The face in the mirror won't stop

The girl in the window won't drop
A feast of friends alive she cried,
Waiting for me outside

Before I sink into the big sleep

I want to hear
I want to hear the scream of the butterfly

Come back, baby, back into my arms


When the Music's over 

lundi 14 juin 2010

Wed, Wed, Wed [Part II]

Et puis l’Eglise.



J’ai toujours eu une love/hate relationship avec les églises.



Je ne suis ni baptisée, ni croyante, bien que descendant d’une famille catholique des deux côtés (le manque de mixité est un de mes regrets généalogiques).



Et puis là on a traîné dans l’herbe, j’ai failli y laisser mes chaussures de princesse. J’étais stressée d’un stress trop stressant. Parce que j’allais parler. Dans un micro. Devant des gens.



L’écriture du discours avait été un arrache-poil-de-la-tête parce que moi = pas catholique, alors que les mariés = très catholiques.



Il fallait refléter leurs vœux sans trop en faire, sans  trop en dire, sinon c’était mentir…

J’ai versé dans l’eau de rose, sans basculer dans l’essence. J’ai sorti un poème de Nerval du fond de mes entrailles avec la gorge qui se noue et les larmes qui perlent. J’ai parlé dedans le micro, appuyée sur le pupitre. L’espace d’un instant j’étais le révérand de 7th heaven en plein sermon.



Le prêtre était pas content content (qu’est-ce que ça aurait été si j’avais lu la lettre de suicide / d’amour universel de Zweig comme c’était prévu…) et a balancé un truc du genre « z’avez vu hein, c’est pas simple de parler devant des gens ». J’aurais pu rajouter « Je m’en fous, ma robe est plus belle que la tienne. » mais j’ai préféré re-aller m’asseoir, enfin pas tout à fait, parce que les églises catholiques c’est Véronique et Davina : et on se relève, et on se dérelève, on se rerelève et on se dérerelève.



Bref, ça tous les dimanches et ça m’étonne plus que les vieilles aient des problèmes de genoux.



Les miens tremblaient. J’avais l’air d’un mouton à vache folle. Parce que tout retombait. J’avais fait le plus dur de ma mission – et presque pleuré la mariée.



Signer les registres, encore.



Et puis sortir. Souffler. Transpirer encore un peu, mais cette fois recouverte de serpentins et de confettis.



Puis séance photo, où le siouper photographe « je suis un aaaartiiiiiste » refuse de me voir courir nue dans l’herbe autour du couple, comme c’était subtilement proposé par l’assistance. Finalement il me voudra de profil (quelle idée… j’ai le pire profil du monde depuis le sphinx, but whatever).



Entre temps, je me demande comment d’un bled aussi misérable est sorti ce mariage über classe.



Puis je monte la grande rue jusqu’à l’école où se tient le vin d’honneur.



Servir. Oui mais de l’alcool.

Tout le monde se jette sur les soft, chaleur aidant. Et je me pose sur un banc, enfin.



Je commence ma longue descente de champagne. De brioche. De chouquettes.

Je commence à détester les enfants.

Je commence à respirer.



J’entre dans la partie festive du mariage.



Puis je reprends les rênes. Je recoiffe la mariée. Je lui enlève son voile. Je la force à boire. A s’asseoir. A aller aux toilettes.

J’ai l’impression d’être nounou d’une jeune fille de 23 ans.



Je change enfin de chaussures. J’ai l’air d’une fermière tout à coup avec ma robe à froufou et mes bottes, but whatever.



Je retrouve les Suisse à l’ombre d’un platane. Ils sont beaux. Ils font du bien aux yeux et chaud au cœur (oui, c’est à peu près là que le mien a fondu comme une guimauve et que depuis il est resté dans l’état).



J’avais vu Jacky boire du champomy plus tôt… je lui balance sur le ton de la blague que du coup j’étais la dernière alcoolique de la bande, que je regrettais le  temps des bières autour du feu de camp.



Et puis dans un sourire elle me balance : « D’habitude oui, j’aurais bu, et de bon cœur mais étant donné les… circonstances. ». Elle passe une main sur son ventre pour m’indiquer de quelles « circonstances » il s’agit.



Et je tombe de haut.

De 5 ans en fait.



Mariage. Ok. J’avais pu gérer. Mais bébé…



Bébé c’était réservé à la case « grandes sœurs de moi plus vieilles d’une bonne dizaine d’années ».

Pas à mes copines de lycée.



On passe tous par là, je sais. Mais chez moi, c’est aussi synonyme d’une plus grande solitude encore, vu que je ne suis pas prête du tout à considérer la reproduction de moi-même comme une possibilité envisageable.



J’aurais besoin de l’heure de route, cheveux aux vents, orteils en éventail, à assommer ma chauffeuse de « tu t’reeeends compte » (ma signature phrase de traumatisme, utilisée à de nombreuses reprises depuis ma première rencontre avec Carl B.).



Destination finale : la salle du repas.

lundi 7 juin 2010

Wed, Wed, Wed... [Part I]

Surveiller la porte de la chambre pour qu’aucun des mâles ne voie la robe avant l’heure H.

Retrouver l’amie Suisse pas vue depuis 4 ans, au bras d’un charmant prince, la rouquine de mon année de terminale est devenue une rousse incendiaire.

Essayer de détendre l’indétendable : une mariée la veille de ses noces et sombrer, avant elle, dans un sommeil en forme de défaite.

Accueillir le photographe, essayer de ne pas être trop dans son champ (si, dans l’ensemble, je suis photogénique – càd plus jolie en photo qu’en vrai- je n’aime pas être prise en photo dans des moments solennels, pleins de stress et d’émotions incontrôlables en tout genre).

La regarder se faire maquiller et ressembler à une star de cinéma, version noir et blanc classe, d’ailleurs elle est muette, et moi crispée autour du sac qui contient son bardas de mariée : le rouge à lèvres, le peigne d’expert coiffeur, les pansements anti-ampoule.

Puis le fameux coiffeur qui lui met de la super glue dans les cheveux, pour les rubans, et lui a confectionné une coiffure d’artiste, vraiment. Une sculpture capillaire. Et qui grogne parce qu’on a un peu raplatit sa frange. Pendant quelques instants, je suis son assistante, il m’apprend à la recoiffer, où se trouvent toutes les épingles clefs.

Puis le retour à la maison pour le grand moment. Enfilage de la robe.

La témoin est de tous les instants, et c’est moi qui referme la guêpière, et c’est moi qui remonte la fermeture éclair. Avec une pause d’émotion. Et le flash du photographe toujours aux aguets.

Je lui répète qu’elle est très belle – il faut toujours répéter ces choses là. Je lui ordonne d’aller manger comme je lui ai ordonné de se coucher. Entre temps j’ai moi aussi enfilé une robe.

Du genre urban-princesse, violette et noire, avec froufous sur le bas et bretelles derrière la nuque. Les chaussures à ruban, aussi.

Tout le monde débarque, c’est un défilé de robes plus extraordinaires les unes que les autres, de coiffures et d’accessoires. Il fait chaud.

Un soleil brûlant qui frappe les Mercédès qui attendent, bien sagement, qu’on charge la mariée.

Une fois qu’elle est embarquée, je souffle. Verre d’eau. Je rappelle à l’ordre les frères jumeaux. Je chronomètre les départs.

Les Suisse n’ont pas de gps. La voiture balai doit être derrière. Et le mari ? Il est où le mari ?

Direction la mairie.

Dans la voiture je lâche des sourires en rafale à côté de ma chauffeuse du jour (une princesse ne conduit pas, mais peut être prise une fois de plus pour lesbienne pendant un mariage).



Je suis les Suisse du coin de l’œil. Me dit que j’aimerais avoir ce qu’ils ont.

Je ne peux pas en dire autant des mariés. J’ai de l’imagination, mais pas assez pour imaginer ce que 10 ans d’amour représentent, quand on a 23 ans et qu’une heure après on sera « Madame » quelque chose.



La famille du mari, sur la place. On se tasse sous le dernier arbre porteur d’ombre et de fraîcheur. Je calme la mariée, toujours enfermée à l’arrière de la voiture, où je la garde, au frais, avant de lâcher les lions.



Le mari arrive.



Je commence à trembloter. Ils sont beaux. Ils sont deux. J’ai presque envie de pleurer, mais j’ai dit que non.



Il faut clairement que je me bouge les fesses si je veux être assise à ma place.

La place d’honneur.

La place qu’elle m’a confiée.

Qu’elle a eu assez confiance pour m’attribuer.



Je n’ai pas su quoi répondre quand elle me l’a demandé. J’avais des sanglots dans la voix avant même de réaliser les tenants et aboutissements d’un tel rôle.



Mes deux sœurs se sont mariées, et j’ai été demoiselle d’honneur, mais jamais, jamais responsable – jamais, jamais ! – in-dis-pen-sable.



Dans un monde de kleenex, je fuis comme la peste les gens infidèles. Ceux qui enlèvent toute substance aux grands mots. Et je réalise que j’ai une putain de chance de les avoir, ces deux-là, pour me rappeler, jour après jour, et de plus en plus, qu’il y a de l’espoir. Qu’il reste de l’amour, au moins quelque part, au moins entre eux.



Je m’assois à sa gauche. J’ai un bouquet dans les mains, j’ai pas bien compris qui me l’avait imposé, je tiens la fleur de lys le plus éloigné de mon décolleté. Je respire un bon coup même s’il fait une chaleur de tous les diables dans la mairie.



Est-ce qu’on m’a donné le bouquet quand j’essayais de lire sur les lèvres de Jacky qui annonçait quelque chose de grand, vu les yeux de la mariée. Quelque chose d’assez important pour la distraire de ses propres vœux et que je n’ai pas su tout à fait saisir. J’ai regardé son prince, si tendre, si amoureux, qui avait fait 800 km en une journée pour débarquer au no man’s land de mon enfance et garder quoi qu’il arrive son sourire ultra bright. J’ai serré les lèvres en espérant que j’allais bientôt être de mariage chez eux aussi.



Et puis. La maire et l’adjoint ont code civilé et il y a eu deux « oui ».

Qu’importe ce qu’il se passerait à l’Eglise. Ca y était.



J’ai pincé l’intérieur de mes joues avec mes dents pour ne pas pleurer, avant de reprendre mes esprits et d’organiser la suite – la fuite.

Demoiselle d’honneur ? go ! Amis partez, parents partis, robe en place, sortons.



Puis ils apparaissent sur les marches, en hauteur. Frappés par un soleil implacable et plus lourd que jamais. On se croirait peut-être dans l’étranger.



Je m’enfuis très vite après la photo, encore oui, mais officielle cette fois-ci.



J’aime sentir ma peau brûler lentement – presque cuire – sur le siège d’une voiture restée hors de l’ombre.

Sur la route les klaxons me replongent dans les mariages passés où mon intérêt était limité à la conversation des tables d’enfant. Le dernier mariage d’adulte auquel j’ai dû assister de bout en bout était une semaine après ma plus grave tentative de suicide. Je n’avais pas tenu en société. Je n’avais pas tenu après l’entrée. Rapatriée. Le menton contre les genoux dans le salon de l’ancienne maison. Un chat qui me regarde la tête penchée sur le côté. What’s up ? Give me food.



La route est droite, les bords sont verts. Le toit de la Merco des mariés est ouvert, et Monsieur sort, digne d’un président, la main qui salue tous les ouvriers du week-end, torses nus et dégoulinant.



La mariée se retourne – on la suit de près. Elle me fait signe, à un stop, que tout s’est passé trop vite. Tout se passe trop vite. Etre seul réussit à arrêter le temps, du moins en apparence. Eux ont vécu leur vie à 100 à l’heure, dans le bonheur comme dans l’adversité… mais je m’avance d’une étape…

mardi 1 juin 2010

Left Behind

Soirées - sorties - verres - restos.

Et puis hier, une retrouvaille entre potes sous forme de plus-ou-moins bilan, et de "oh j'ai croisé machine elle m'a dit que vous étiez en froid", et de "et t'as des nouvelles de machin" "Non, on est en froid", et "Qu'est-ce qu'il devient bidule ?" "On est très très en froid." "Y'a une gradation dans le froid ? " "Y'a de tempéré à glacial, j'crois bien".

C'est bizarre comme on peut se couper des gens et en découvrir d'autres, juste derrière, à qui on faisait pas gaffe. Je suis armée socialement de gens proches qui correspondent souvent aux gens avec qui je suis partie en vacances.

Ce qui prouve un point crucial dont je suis persuadée depuis des lustres : une fois que tu es partie en vacances avec quelqu'un, il peut plus trop arriver grand chose à votre amitié. C'est pourquoi ça a tant clashé avec mes high school buddies quand ils faisaient les cold feet à s'envoler avec moi far from France.

C'est LE test ultime. Souvent, un projet avorté où il était question de vacances c'est la porte ouverte à la dégringolade amicale.

Ma vie sociale est un avant-goût de celle qui m'attend dans le monde où je veux bosser à base de gossip incéssants par mail, de convoitise bien cachée lors des déj' avec les collègues, de traitage de pute arriviste (un label spécifique à mon master 2 qui est une sorte de prix putassier mais qui parfois se confond avec son appelation première).

Et puis y'a les hot chocolate. Forcément. Qui sont garçons. Ce qui pose problème. Surtout quand le côté "potes" de cette espèce n'a de cesse de me rappeler tout ce qui me gène dans les relations garçons/filles. 
Ils ont les mêmes principes que moi dans le fond, mais sont tellement grossiers dans la manière de le formuler que je me sens très loin de leur idéologie. Le "elle couche le premier soir, c'est une pute" qui entre en conflit avec "respecte toi", leurs "elle m'aime, elle est pathétique" qui affrontent mon "ne mens jamais sur tes sentiments". Et ce n'est que le top de la liste... mais j'essaye de les comprendre... j'essaye...

Heureusement, il y a une sorte de little bouddha qui a l'air au-dessus de ça, qui ouvre quand les yeux quand je lui parle et que j'ai l'air d'étonner à chaque fois que j'ouvre la bouche.

Ticket gagnant ?