mercredi 19 septembre 2007

Crème Ail air



 [Violet Heightsy, Powpy Borrell & PolnaCéline Photo by Sugarmili]

 En fait le titre c'tait plus "Guacamole, Oignon, fumée de cigarette" mais comme ça puait un peu de la gueule comme jeu de mot alors j'a remplacé.

Ce que je me souviens de cette dernière nuit à Rouen, c'est la brûlure de cigarette profondément ancrée dans ma main, ce sont les chemins qui se séparent pour aller chacun vers une gare, c'est la brume du petit matin donnant des airs de ville fantôme à tout le quartier.

Je me sentais profondément bien et apaisée -malgré les quelques millilitres de cet alcool espagnol assassin dans mon estomac souffrant.

C'est alors qu'un connard m'a barré la route, pour me dire que j'étais bien jolie, pas une p'tite racaille qui slapette devant ses copains -ça, ça passe encore-, non, un vieux con avec des yeux libidineux. A 10h du mat', rue Jeanne d'Arc.

Je déteste de plus en plus les hommes. C'est effrayant.

Heureusement, le destin voulait que cette journée soit apaisante, et c'est à la gare routière que je retrouvais une connaissance pas vue depuis 4 ans.

G. à peine trois ans de plus que moi, qui m'annonce qu'elle a eu une deuxième petite fille, et moi, au lieu de me dire "crabeurk", je m'aperçois qu'elle est rayonnante, plus sûr d'elle, et très courageuse (puisque mère célibataire).

Je me suis sentie moins seule, voir ressurgir des gens de mon passé me fait toujours cet effet ; elle avait bô peut-être ne pas se souvenir de mon prénom mais elle se remémorait les cours de dessin qu'on avait passé ensemble.

Je ne sais toujours plus qui je suis, mais en cet instant, j'ai eu la preuve que j'avais existé.

vendredi 14 septembre 2007

Cimetière, cerise confite & autres complications


[Note à quatre mains]

14/09/07 vers 11h, Fashion Powpy et Princess Heightsy arrivent en limousine métro sur les lieux du drame.

Journée rituelle pour la seconde qui a décidé, cette année, de la partager avec la première. Et vice versa. Ou pas.

Bref, c'était père Lachaise party, avec DJ zébra Carl Barât (oui j'ai un problème évident avec la ressemblance troublante d'Oscar Wilde et de Carlito).

Après une demi heure de parade devant nos fans exaltés, nous avançons dans une allée pleine de personnes inconnues qui s'adressent toutes à nous en des termes familiers, nous tenant à peu près ce langage :

"Jim ?"

"Jim Morrison ? Morrison ?"

Interloquées que nous fûmes, et cela surtout après la troisième personne rencontrée, Powpy Powpette ma compagne de couette déclara :

"La prochaine fois que quelqu'un dit "Jim" je lui réponds "non, moi c'est Charlotte""

Peut-être était-ce la rose que je tenais solennellement, ou bien notre jeune âge et notre wock&woll attitioude (voir photo ci-dessus), mais 90% du touriste de la 16ème division nous poussait vers le tombeau surpeuplé du Roi Lézard.

Après tant d'émotion nous nous décidions à mettre un peu de patriotisme dans nos vies et d'aller saluer La Fontaine et Molière, mais, comme à mon habitude, je passai trois fois devant leurs tombes en regardant tour à tour le ciel, le sol, et la mauvaise rive, si bien que nous dûmes rebrousser chemin un certain nombre de fois.

Alphonse Daudet nous fut révélé par un couple de vieilles femmes très serviables*

13h30 sonnant, la faim tiraillait nos divines entrailles nous nous dirigeâmes vers le tombeau majestueux d'Oscar Wilde (parce qu'Arbeit Macht Frei n'est séduisant qu'en tant que chanson des Libertines, et que les mémoriaux de la Shoah devenaient pesants). Oscar n'avait pas changé plus que ça, en fait je l'ai même reconnu d'assez loin. Nous déjeunâmes donc presque tranquillement sous l'oeil de son sphynx, nous moquant allègrement des pouffes à collant qui lui bavaient dessus munies de leurs lèvres de rouge criard badigeonnées**.

(preuve :
)

Le chemin vers le columbarium fût quant à lui semé d'embûches, en effet, un oiseau indélicat jeta avec désinvolture et à l'encontre de Powpy sa nourriture chipée très certainement sur une table de restaurant. (Nous attendons les résultats de la police scientifique mais il semblerait qu'il s'agirait de cerise confite). A peine remise du choc, nous devions rencontrer une mamie très sociable qui nous annoncera (encore) la mort de Jacques Martin, nous confiant que "ça fait mal quand même" -auquel nous avons répondu "oui, il paraît que la mort ça fait mal un peu, surtout vers le début".

...

...

*accent Kazakh* J'rigole !

(preuve du rigolage :
)

Par contre, on va appeler Jacques Pradel, parce que ça nous inquiéte mais on a toujours pas retrouvé la tombe de Sarah Bernhardt, si vous l'avez croisée n'hésitez pas à nous transmettre vos témoignages (nous fournissons mosaïque, cryptage de voix et perruques).

Et demain, nous allons tester pour vous un autre type de morts vivants : Armand et ses amis lors de sa pendaison de crémaillère.

Heights 'nd Powpass'

*Phrase que Powpy trouvait nécessaire de préciser. Je me désengage sur ce point.

** "Well they're just narcissists
Well wouldn't it be nice to be Dorian Gray
Just for a day?
Such narcissists
what's so great to be Dorian Gray
Every day?" auraient dit les Libertines.

lundi 10 septembre 2007

War


Tout le monde se souvient de son 11 septembre 2001, le mien je ne l'ai pas souvent raconté.


Ce jour là j'avais quitté plus tôt le collège, à 15h30, ma mère était venue me chercher. Lorsque j'ai voulu allumer la radio elle m'a crié dessus comme à son habitude.

Puis elle me demande si j'ai beaucoup de boulot, si ça ne me gêne pas de passer chez des amis à elle. -Anecdotiquement, il s'agit de l'endroit où nous habitons actuellement, mais à l'époque nous occupions une mansarde décrépite-.

 L'amie en question est nounou, et pourtant, quand nous arrivons, aucun dessin animé sur l'écran, non, mais le journal à la place.

Je ne sais pas pourquoi, j'ai pas réagi, j'ai cru à un film d'action.

Puis au fil de la conversation nos interlocuteurs nous regardent de plus en plus étrangement et mon cerveau hyper développé a fait le lien avec ce qu'il se passait à la télé.

On reste finalement pas mal de temps anesthésiés dans le canapé. Véritables réinterprétations de la famille simpson à la fin du générique.

Tout d'un coup j'ai eu le tilt : "mais putain il est où C. ?"

C. est mon oncle d'amérique au sens propre comme au figuré.

Ma famille habitait à Boston à cette époque.

Les lignes étaient injoignables. Nous apprendrons tard ce soir là que C. était en Belgique en fait, et que lorsque ma tante avait troublé une de ses réunions pour lui annoncer les événements ses collaborateurs n'avaient en rien compris l'ampleur des dégâts.

J'étais en quatrième, l'année où j'étais un peu moins seule. Et les différentes personnes à qui j'adressais la parole le lendemain matin me parlaient de tout sauf de ça.

Puis, le prof de latin a décidé de nous faire profiter une fois de plus de sa psychologie de comptoir, a banalisé le cours pour parler (schéma à l'appui) de sa théorie sur les attaques. Bien sûr, il était de notoriété publique que j'étais la seule bilingue du bahut, alors on me posa toute sortes de questions. Lesquelles j'ai dû éluder, en effet, deux ans auparavant, durant mes premières vacances américaines, ma tante m'avait dit :

"Bon, on t'emmènera à New-York la prochaine fois, les tours ne vont pas s'écrouler d'ici là."